Autre symptôme qui se déclenche lors de l'aménagement en commun - mais pas des moindres : la présentation du doudou.
Car oui, vous le savez pourtant, que vous êtes une adulte maintenant, que vous êtes majeure, vaccinée, responsable (diplômée de Yale - ingénieure en aérospatial, etc etc...). Mais votre doudou, c'est votre doudou.
Pour vous préparer à lui présenter votre précieux, il faut bien se parer. Car si vous ne voulait pas lui faire peur, vous ne voulez pas non plus qu'il vous ridiculise. Ou pire : qu'il LE ridiculise.
Argument n°1 : il prendra pas de place, tu ne le verra même pas !
Objectif : le rassurer. Dîtes lui que vous n'en avez pas besoin mais que c'est une habitude, juste le soir. Parfois devant la télé aussi. Puis quand vous êtes malade. Ou triste. Bref trois fois rien.
Et puis dîtes lui surtout que dans votre cœur
Argument n°2 : je le connais depuis plus longtemps que toi
Expliquez lui que le doudou, c'est quelque chose que vous avez choisi (comme lui), sur qui vous avez toujours pu compter (comme lui), et qui vous a accompagné "QUASI depuis ma NAISSANCE" (pas comme lui).
Du coup, ce serait de la trahison de le laisser tomber maintenant sous prétexte qu'on a rencontré quelqu'un d'autre avec qui partager sa vie. Ce ne serait pas correcte.
Argument n°3 : il est vivant.
Non bien sur, pas vraiment vivant comme dans Toy Story, ce serait trop creepy...
... mais il a des sentiments. Et on peut lui faire mal.
Du coup : interdiction formelle de l'insulter, de se moquer, ou de le balancer méchamment sur le lit ou HORS du lit. D'ailleurs, messieurs, n'oubliez pas que le lit c'est SON territoire (même s'il ne prend pas de place, revoir l'argument n°1).
Argument n°4 : NON, il n'est PAS moche et il ne pue PAS.
Les doudous ne puent PAS. Ils ont une odeur attachante. D'ailleurs, pendant toute ma jeunesse, j'ai cru que le miens sentait l'odeur de ma maman... jusqu'à ce que je me rende compte il y a peu que c'était la mienne (logique, vu que ce n'est pas ma maman qui dors avec). Passons.
Ce "truc", comme il s'amusera à l'appeler, a fait la guerre : il a bravé tous les voles de doudou à la maternelle, survécu à tous les voyages en voiture, train, avion, et autre moyen de transport dans lequel vous l'avez trimballé, vaincu toutes les maladies que vous avez eu (surtout la mononucléose, il avait été top cette fois là), essuyé tous les pleurs, veillé sur vous chaque nuit...
Un peu de respect, donc, s'il est un peu mutilé, ce n'est pas sa faute.
Si vous obtiendrez peut-être de votre Jules qu'il tolère sa présence, ne vous attendez pas pour autant à ce qu'il se mette à lui faire des câlins. Ni à ce qu'il vous comprenne. Les gens qui n'ont jamais eu de doudou ne peuvent pas comprendre le lien profond et l'attachement émotionnel sans précédent que vous pouvez ressentir pour "le seul objet au monde que vous ne pourrez racheter nul part si un incendie se déclare chez vous (argument n°5 pour la fourrer dans votre valise à chaque occasion)".
Sachez donc vous satisfaire du nécessaire : si vous arrivez à faire cohabiter Monsieur et doudou, vous aurez déjà tout gagné.
